mercredi 19 décembre 2018

Mon Sentier Sinueux - Poème et aquarelle Patricia Labeaume




Mon Sentier Sinueux



Viendras-tu avec moi demain
Sur le long sentier sinueux
On pourra prendre un autre chemin
Si tu le trouves vertigineux

Mais ce sentier très tortueux
Aux milles senteurs de la garrigue
Tu le trouveras merveilleux
Viens si seulement il t'intrigue

C'est un beau sentier ombrageux
Parsemé de cailloux boueux
De pierres taillées, pierres d'espérance

Rien d'irréel sans aucun sens
Sur ce sentier on y pénètre
Sans jamais se compromettre.

Patricia Labeaume

mardi 18 décembre 2018

Anagramme - poème et dessin de Patricia Labeaume





                                                   


  ANAGRAMME...







Trop de pages tournées
Faut-il que je sois vieille
Que je n'aime pas le bruit
Le silence m'inquiète.


On me donne des consignes
Et la petite nouvelle
Qui a peur que je chute
A chaque instant me veille.


Je perds tous mes repères
Sénile et enlisé
Ne sont qu'une anagramme
D'un noir calendrier.



Patricia Labeaume

lundi 15 octobre 2018

Nice, ma ville

Nice, ma ville...


Danse la coulée verte,
Clairière entre les murs,
De l'autre côté la mer,
Pétillante, bleu azur.

Vue du haut du Château,
La Promenade s'étire,
Sourit au Négresco,
Au soleil par plaisir.

Port Lympia, les pointus,
La Vieille Ville, la socca,
Le bonheur dans les rues,
De Nissa la Bella...

Patricia Labeaume

jeudi 8 octobre 2015

Chants nouveaux, Frederico Garcia Lorca

Un très beau poème qui me parle...

Chants nouveaux de Frederico Garcia Lorca
Août 1920


 Le soir a dit :
" Je suis altéré d'ombre !"
La lune a dit :" Moi, d'étoiles brillantes."
La source cristalline veut des lèvres
Et des soupirs le vent.

Mais moi, j'ai soif de parfums et de rires,
Soif de chants nouveaux
Sans lunes et sans iris
Et sans amours défuntes,

Soif d'un chant matinal qui troublerait
Les eaux dormantes
De l'avenir, emplissant d'espérance
Leurs ondes et leurs fanges.

Soif d'un chant clair et pacifié,
Plein de riches pensées,
Vierge de peines et d'angoisses
Et vierge de tout rêve.

D'un chant sans chair lyrique, envahissant
De rires le silence.
( Essaims de colombes aveugles
Lâché dans le mystère.)

D'un chant qui percerait l'âme des choses
Et l'âme des rafales,
Pour se résoudre enfin dans la joie
Du cœur immémorial.

mardi 23 décembre 2014

Quand les mots s'emmêlent

 QUAND LES MOTS S'EMMELENT

Dis-moi, dis-moi
Dix mots tout bas
De ces mots-fil qui glissent
De ces mots qui unissent
De ces mots doux, complices
Qui avec grâce, ravissent
Dis-moi, dis-moi
Dix mots tout bas
De ces mots-mousqueton
Qui nous sauvent du plongeon
De ces mots en cordée
Qui préviennent du danger
Dis-moi, dis-moi
Des mots tout bas
Pour que j’me r’trouve moins seule
Que j’me sente moins fragile
Pour que la vie paraisse
Juste un peu plus facile
Dis-moi, dis-moi
Dix mots tout bas
Qui résonneraient en chœur
De ces mots porte-voix
Qui respirent le bonheur
Dans ces accords perdus
Comme des mains tendues
Dis-moi, dis-moi
Dix mots qui ne mentent pas
Mots dits au coin du feu
Un soir d’hiver, dis-moi
De ces mots qui r’donnent chaud
Même au fond d’un frigo
Dis-moi, dis-moi
De ces mots firmament
Le genre de mots tu vois
Qui émeuvent les gens
Invente des mots-bougie
Pour éclairer mes nuits
Illuminer les soirs
Où mon ciel est tout gris
Dis-moi, dis-moi
Tout haut, tout bas
DIx mots sans pause
Cent si tu l’ose !
Mais parle-moi, oui parle-moi
Dis-moi, dis-moi
Le genre de mots qu’on dit tout bas
De ces mots secrets qu’on partage
Chuchotant comme des enfants sages
Dis-moi, dis-moi
Le genre de mots qu’on n’oublie pas
Ces mots forts qui font des ravages
Ces mots purs qui traversent les âges !
Ces mots qui relient les destins
Et qui tracent les lignes des mains
Ces mots-sillon, ces mots-chemin
Qu’on saisit au vol, qui cajolent
Qui réconfortent nos demains
Ces mots-amis qui dans la nuit
Dressent des phares, guident nos vies
Ces mots qui bercent et qui étreignent
Ces mots qui pleurent, ces mots qui saignent
Ces mots vrais qui calment et rassurent
Bandes de gaze sur nos blessures
Fais-moi une ribambelle de mots
Pour qu’on s’accroche dos-à-dos
Sans fil, sans corde, sans adhésif
Juste tes mots qui tranchent dans l’vif  !
De ces mots qui guident et consolent
De ces mots qu’on attrape au vol
Ces mots-sillon, ces mots-chemin
Que je lis au creux de tes mains
Dis-moi dix mots qui font du bien
De ces mots qui rapprochent
Des mots où on s’rejoint !
Des mots assez profonds pour tracer un sillon
Des mots assez certains pour construire nos lendemains…




Catherine Jung

samedi 8 février 2014

Lendemain, François Coppée

Lendemain


Puisque, à peine désenlacée
De l’étreinte de mes deux bras,
Tu demandes à ma pensée
Ces vers qu’un jour tu brûleras,

Il faut, ce soir, que je surmonte
L’état d’adorable langueur
Où je rougis un peu de honte,
Tout en souriant de bonheur.

Pourtant je l’aime, ma fatigue.
C’est ton oeuvre, et le long baiser
De ta bouche ardente et prodigue
A pu seule ainsi m’épuiser ;

Et tu veux que je la secoue,
Petite coquette ! tu veux
Voir rimer les lys de ta joue
Avec la nuit de tes cheveux.

Tu veux que, dissipant le voile
Qui trouble mon cerveau si las,
Je dise tes regards d’étoile
Et ton haleine de lilas.

Mais la preuve, ô capricieuse,
Que je ne pense qu’à t’aimer,
C’est la fièvre délicieuse
Qui m’empêche de l’exprimer.

Ainsi, respecte ma paresse ;
Ton souvenir passe au travers.
Demande des baisers, maîtresse ;
Ne me demande pas des vers.

François Coppée, Le Cahier Rouge

Au bord de l'eau, Guy de Maupassant



Au bord de l’eau


I

Un lourd soleil tombait d’aplomb sur le lavoir ;
Les canards engourdis s’endormaient dans la vase,
Et l’air brûlait si fort qu’on s’attendait à voir
Les arbres s’enflammer du sommet à la base.
J’étais couché sur l’herbe auprès du vieux bateau
Où des femmes lavaient leur linge. Des eaux grasses,
Des bulles de savon qui se crevaient bientôt
S’en allaient au courant, laissant de longues traces.
Et je m’assoupissais lorsque je vis venir,
Sous la grande lumière et la chaleur torride,
Une fille marchant d’un pas ferme et rapide,
Avec ses bras levés en l’air, pour maintenir
Un fort paquet de linge au-dessus de sa tête.
La hanche large avec la taille mince, faite
Ainsi qu’une Vénus de marbre, elle avançait
Très droite, et sur ses reins, un peu, se balançait.
Je la suivis, prenant l’étroite passerelle
Jusqu’au seuil du lavoir, où j’entrai derrière elle.
Elle choisit sa place, et dans un baquet d’eau,
D’un geste souple et fort abattit son fardeau.
Elle avait tout au plus la toilette permise ;
Elle lavait son linge ; et chaque mouvement
Des bras et de la hanche accusait nettement,
Sous le jupon collant et la mince chemise,
Les rondeurs de la croupe et les rondeurs des seins.
Elle travaillait dur ; puis, quand elle était lasse,
Elle élevait les bras, et, superbe de grâce,
Tendait son corps flexible en renversant ses reins.
Mais le puissant soleil faisait craquer les planches ;
Le bateau s’entr’ouvrait comme pour respirer.
Les femmes haletaient ; on voyait sous leurs manches
La moiteur de leurs bras par place transpirer
Une rougeur montait à sa gorge sanguine.
Elle fixa sur moi son regard effronté,
Dégrafa sa chemise, et sa ronde poitrine
Surgit, double et luisante, en pleine liberté,
Écartée aux sommets et d’une ampleur solide.
Elle battait alors son linge, et chaque coup
Agitait par moment d’un soubresaut rapide
Les roses fleurs de chair qui se dressent au bout.
Un air chaud me frappait, comme un souffle de forge,
A chacun des soupirs qui soulevaient sa gorge.
Les coups de son battoir me tombaient sur le coeur !
Elle me regardait d’un air un peu moqueur ;
J’approchai, l’oeil tendu sur sa poitrine humide
De gouttes d’eau, si blanche et tentante au baiser.
Elle eut pitié de moi, me voyant très timide,
M’aborda la première et se mit à causer.
Comme des sons perdus m’arrivaient ses paroles.
Je ne l’entendais pas, tant je la regardais.
Par sa robe entr’ouverte, au loin, je me perdais,
Devinant les dessous et brûlé d’ardeurs folles ;
Puis, comme elle partait, elle me dit tout bas
De me trouver le soir au bout de la prairie.
Tout ce qui m’emplissait s’éloigna sur ses pas ;
Mon passé disparut ainsi qu’une eau tarie :
Pourtant j’étais joyeux, car en moi j’entendais
Les ivresses chanter avec leur voix sonore.
Vers le ciel obscurci toujours je regardais,
Et la nuit qui tombait me semblait une aurore !

II

Elle était la première au lieu du rendez-vous.
J’accourus auprès d’elle et me mis à genoux,
Et promenant mes mains tout autour de sa taille
Je l’attirais. Mais elle, aussitôt, se leva
Et par les prés baignés de lune se sauva.
Enfin je l’atteignis, car dans une broussaille
Qu’elle ne voyait point son pied fut arrêté.
Alors, fermant mes bras sur sa hanche arrondie,
Auprès d’un arbre, au bord de l’eau, je l’emportai.
Elle, que j’avais vue impudique et hardie,
Était pâle et troublée et pleurait lentement,
Tandis que je sentais comme un enivrement
De force qui montait de sa faiblesse émue.
Quel est donc et d’où vient ce ferment qui remue
Les entrailles de l’homme à l’heure de l’amour ?
La lune illuminait les champs comme en plein jour.
Grouillant dans les roseaux, la bruyante peuplade
Des grenouilles faisaient un grand charivari ;
Une caille très loin jetait son double cri,
Et, comme préludant à quelque sérénade,
Des oiseaux réveillés commençaient leurs chansons.
Le vent me paraissait chargé d’amours lointaines,
Alourdi de baisers, plein des chaudes haleines
Que l’on entend venir avec de longs frissons,
Et qui passent roulant des ardeurs d’incendies.
Un rut puissant tombait des brises attiédies.
Et je pensai : “Combien, sous le ciel infini,
Par cette douce nuit d’été, combien nous sommes
Qu’une angoisse soulève et que l’instinct unit
Parmi les animaux comme parmi les hommes.”
Et moi j’aurais voulu, seul, être tous ceux-là !
Je pris et je baisai ses doigts ; elle trembla.
Ses mains fraîches sentaient une odeur de lavande
Et de thym, dont son linge était tout embaumé.
Sous ma bouche ses seins avaient un goût d’amande
Comme un laurier sauvage ou le lait parfumé
Qu’on boit dans la montagne aux mamelles des chèvres.
Elle se débattait ; mais je trouvai ses lèvres :
Ce fut un baiser long comme une éternité
Qui tendit nos deux corps dans l’immobilité.
Elle se renversa, râlant sous ma caresse ;
Sa poitrine oppressée et dure de tendresse,
Haletait fortement avec de longs sanglots ;
Sa joue était brûlante et ses yeux demi-clos,
Et nos bouches, nos sens, nos soupirs se mêlèrent.
Puis, dans la nuit tranquille où la campagne dort,
Un cri d’amour monta, si terrible et si fort
Que des oiseaux dans l’ombre effarés s’envolèrent.
Les grenouilles, la caille, et les bruits et les voix
Se turent ; un silence énorme emplit l’espace.
Soudain, jetant aux vents sa lugubre menace,
Très loin derrière nous un chien hurla trois fois.
Mais quand le jour parut, comme elle était restée,
Elle s’enfuit. J’errai dans les champs au hasard.
La senteur de sa peau me hantait ; son regard
M’attachait comme une ancre au fond du coeur jetée.
Ainsi que deux forçats rivés aux mêmes fers,
Un lien nous tenait, l’affinité des chairs.

III

Pendant cinq mois entiers, chaque soir, sur la rive,
Plein d’un emportement qui jamais ne faiblit,
J’ai caressé sur l’herbe ainsi que dans un lit
Cette fille superbe, ignorante et lascive.
Et le matin, mordus encor du souvenir,
Quoique tout alanguis des baisers de la veille,
Dès l’heure où, dans la plaine, un chant d’oiseau s’éveille,
Nous trouvions que la nuit tardait bien à venir.
Quelquefois, oubliant que le jour dût éclore,
Nous nous laissions surprendre embrassés, par l’aurore.
Vite, nous revenions le long des clairs chemins,
Mes deux yeux dans ses yeux, ses deux mains dans mes mains.
Je voyais s’allumer des lueurs dans les haies,
Des troncs d’arbre soudain rougir comme des plaies,
Sans songer qu’un soleil se levait quelque part,
Et je croyais, sentant mon front baigné de flammes,
Que toutes ces clartés tombaient de son regard.
Elle allait au lavoir avec les autres femmes ;
Je la suivais, rempli d’attente et de désir.
La regarder sans fin était mon seul plaisir,
Et je restais debout dans la même posture,
Muré dans mon amour comme en une prison.
Les lignes de son corps fermaient mon horizon ;
Mon espoir se bornait aux noeuds de sa ceinture.
Je demeurais près d’elle, épiant le moment
Où quelque autre attirait la gaieté toujours prête ;
Je me penchais bien vite, elle tournait la tête,
Nos bouches se touchaient, puis fuyaient brusquement.
Parfois elle sortait en m’appelant d’un signe ;
J’allais la retrouver dans quelque champ de vigne
Ou sous quelque buisson qui nous cachait aux yeux.
Nous regardions s’aimer les bêtes accouplées,
Quatre ailes qui portaient deux papillons joyeux,
Un double insecte noir qui passait les allées.
Grave, elle ramassait ces petits amoureux
Et les baisait. Souvent des oiseaux sur nos têtes
Se becquetaient sans peur, et les couples des bêtes
Ne nous redoutaient point, car nous faisions comme eux.
Puis le coeur tout plein d’elle, à cette heure tardive
Où j’attendais, guettant les détours de la rive,
Quand elle apparaissait sous les hauts peupliers,
Le désir allumé dans sa prunelle brune,
Sa jupe balayant tous les rayons de Lune
Couchés entre chaque arbre au travers des sentiers,
Je songeais à l’amour de ces filles bibliques,
Si belles qu’en ces temps lointains on a pu voir,
Éperdus et suivant leurs formes impudiques,
Des anges qui passaient dans les ombres du soir.

IV

Un jour que le patron dormait devant la porte,
Vers midi, le lavoir se trouva dépeuplé.
Le sol brûlant fumait comme un boeuf essoufflé
Qui peine en plein soleil ; mais je trouvais moins forte
Cette chaleur du ciel que celle de mes sens.
Aucun bruit ne venait que des lambeaux de chants
Et des rires d’ivrogne, au loin, sortant des bouges,
Puis la chute parfois de quelque goutte d’eau
Tombant on ne sait d’où, sueur du vieux bateau.
Or ses lèvres brillaient comme des charbons rouges
D’où jaillirent soudain des crises de baisers,
Ainsi que d’un brasier partent des étincelles,
Jusqu’à l’affaissement de nos deux corps brisés.
On n’entendait plus rien hormis les sauterelles,
Ce peuple du soleil aux éternels cris-cris
Crépitant comme un feu parmi les prés flétris.
Et nous nous regardions, étonnés, immobiles,
Si pâles tous les deux que nous nous faisions peur ;
Lisant aux traits creusés, noirs, sous nos yeux fébriles,
Que nous étions frappés de l’amour dont on meurt,
Et que par tous nos sens s’écoulait notre vie.
Nous nous sommes quittés en nous disant tout bas
Qu’au bord de l’eau, le soir, nous ne viendrions pas.
Mais, à l’heure ordinaire, une invincible envie
Me prit d’aller tout seul à l’arbre accoutumé
Rêver aux voluptés de ce corps tant aimé,
Promener mon esprit par toutes nos caresses,
Me coucher sur cette herbe et sur son souvenir.
Quand j’approchai, grisé des anciennes ivresses,
Elle était là, debout, me regardant venir.
Depuis lors, envahis par une fièvre étrange,
Nous hâtons sans répit cet amour qui nous mange
Bien que la mort nous gagne, un besoin plus puissant
Nous travaille et nous force à mêler notre sang.
Nos ardeurs ne sont point prudentes ni peureuses ;
L’effroi ne trouble pas nos regards embrasés ;
Nous mourons l’un par l’autre, et nos poitrines creuses
Changent nos jours futurs comme autant de baisers.
Nous ne parlons jamais. Auprès de cette femme
Il n’est qu’un cri d’amour, celui du cerf qui brame.
Ma peau garde sans fin le frisson de sa peau
Qui m’emplit d’un désir toujours âpre et nouveau,
Et si ma bouche a soif, ce n’est que de sa bouche !
Mon ardeur s’exaspère et ma force s’abat
Dans cet accouplement mortel comme un combat.
Le gazon est brûlé qui nous servait de couche,
Et désignant l’endroit du retour continu,
La marque de nos corps est entrée au sol nu.
Quelque matin, sous l’arbre où nous nous rencontrâmes,
On nous ramassera tous deux au bord de l’eau.
Nous serons rapportés au fond d’un lourd bateau,
Nous embrassant encore aux secousses des rames.
Puis, on nous jettera dans quelque trou caché,
Comme on fait aux gens morts en état de péché.
Mais alors, s’il est vrai que les ombres reviennent,
Nous reviendrons, le soir, sous les hauts peupliers,
Et les gens du pays, qui longtemps se souviennent,
En nous voyant passer, l’un à l’autre liés,
Diront, en se signant, et l’esprit en prière :
“Voilà le mort d’amour avec sa lavandière.”

Guy de Maupassant, Des vers