mercredi 18 mars 2009

3 - Le Mali : sur la route de Guinée

Nous n'avons jamais visité le Mali "touristique" : le pays Dogon, Tombouctou, Djenné, etc. Nous avons choisi d'aller vivre quelques jours dans un village malinké non loin de Bamako. Notre guide nous a amené dans son propre village pour y passer quelques jours. Nous avons donc pris la route de Guinée en direction de Guena. En 2002, la route de Guinée - au moins jusqu'à Guena - n'était pas encore goudronnée et dans le véhicule qui nous conduisait à lente allure sur la piste chaotique de terre rouge nous avons énormément apprécié les fenêtres qui ne se fermaient pas (lol). Jusqu'à Siby, première grande ville que l'on croise après Bamako, nous avons croisé des enfants très jeunes - peut-être 6 à 8 ans- qui amenaient, seuls sur une charrue conduite par un âne, du bois à la ville pour le vendre, des bus surchargés, des hommes qui construisaient une maison en terre. Tout était fabuleux ! A Guena nous avons été formidablement bien accueilli par les habitants du village et tout particulièrement par le Chef du village qui s'était mis sur son trente et un. Si la langue officielle au Mali est le français son usage dans les villages se perd et les habitants de Guena ne parlent quasiment que le bambara. Notre guide, Lamine, nous a servi d'interprète. A notre arrivée on nous a offert de l'eau pour boire. Nous savions qu'elle venait du puis mais par politesse nous en avons bu au risque d'être malade. Ensuite, pour nous souhaiter la bienvenue, je me suis retrouvée avec une poule dans les mains. Elle était blanche et on nous a expliqué que sa couleur était signe de pureté, de réussite, ... Le lendemain on l'a mangé ! Pour notre premier repas au village nous avons mangé dans une case. A même le sol de terre, il avait été déposé un plat unique pour tous, de riz à la pâte d'arachide, que l'on a mangé avec la main. Un petit récipient en plastique, là encore collectif, remplit d'eau servait à se rincer la main. Franchement il valait mieux être le premier à se rincer car très vite l'eau était marron et grasse. Beurk ! Heureusement nous avions amené des lingettes. Ce qui était marrant, c'est que j'étais la seule femme a manger avec les hommes du village alors qu'au sein même du village hommes et femmes ne mangent pas ensembles. Il m'a été expliqué que venant de France, il était normal que je mange avec mon mari puisque c'est conforme à nos moeurs. Je pense qu'on a beaucoup à apprendre sur la tolérance et l'acceptation des gens tels qu'ils sont.
Durant notre séjour à Guena nous sommes allés à la rencontre des habitants et de la vie agricole. Nous avons vu des champs de calebasses, d'arachides, de cotons que des enfants ramassaient, des batteurs de mils, etc. Nous avons été au bord du Niger qui parfois est tellement large qu'on a du mal a apercevoir l'autre rive.
Nous sommes allés visiter d'autres villages Malinkés que Guena. Nous avons vu la case sacrée de Kangaba. Kangaba est la ville sainte du Mandé. La case sacrée est située au centre de la ville et renfermerait un morceau de la pierre sainte de Kaaba (haut lieu de l'Islam). On nous a interdit de nous en approcher alors même que des chèvres étaient couchées à son ombre. Cette case a deux portes qui se font face et ceux qui ont le droit d'y pénétrer entrent par une porte et en sortent par l'autre. La réfection de cette case a lieu tous les sept ans par les griots de Kela, un village situé à six kilomètres de Kangaba d'où viennent et où vivent les plus grands griots du Mali.

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